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Mediapart 20 mai 2020 Joies et malheurs en télétravail
Le télétravail serait promis à un avenir radieux, après deux mois où un tiers des actifs ont testé le bureau à la maison, sans trop de dommages pour les entreprises. La réalité pourrait être moins idyllique, surtout en l’absence de cadre collectif.
la dimension collective du travail peut-elle survivre à un tel régime ? L’accroissement du travail à distance pourrait aussi contribuer à un effritement des collectifs de travail, déjà bien mal en point dans un certain nombre d’entreprises, du fait de la dépossession du sens du travail, sa standardisation y compris dans le champ intellectuel ainsi que la multiplication des chaînes de sous-traitance et de prestation de service. Pour un même produit ou service, une soupe de logos, de statuts… et désormais d’espaces de travail, l’horizon n’est pas toujours très tentant.
Et alors qu’à la faveur de cette crise sanitaire mondiale, dans laquelle des millions de travailleurs dans le monde se sont retrouvés coincés chez eux, et que les enjeux environnementaux pourraient eux aussi remettre cette question sur la table, « on fait face à un déficit de la pensée, comme si ce n’était pas un sujet sérieux », regrette la chercheuse. « Or la question est centrale : pour ceux qui pensent que le salariat n’a pas été une voie d’émancipation, le télétravail est une manière de créer, de retrouver de l’indépendance. Pour ceux qui sont persuadés du contraire, il va nuire aux combats collectifs. »
C’est un autre angle mort du télétravail. Quel rapport de force s’exerce lorsque chacun est chez soi ?
Article publié le 22 mai 2020.